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Page:Hannon - Au pays de Manneken-pis, 1888.djvu/8

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D’un vice niais fleurs précoces
S’étiolant en une nuit,
Que glaner dans ces tristes cosses,
Leurs corsets, où niche l’ennui ?

Elles portent des gorges plates
Sans nul frisson avant-coureur,
Peut-on aimer vraiment ces lattes
A faire haïr la maigreur ?

Cependant il n’est pas de fêtes
Où ces puériles beautés,
Parmi les foules stupéfaites,
N’arborent leurs sottes gaîtés.

Noceuses, la nuit, pour leurs robes,
Le jour, travaillant pour leur faim,
D’aucunes sont fleuristes probes,
D’autres blanchisseuses de fin.

Par-ci, piqueuses de bottines
Et par-là, piqueuses de gants,
Les autres taillent, libertines,
La chemise des élégants.

Leur nid ? C’est la vague mansarde
Où rode un musc de mauvais lieu.
En tête du lit dur luisarde
Quelque Vierge ou quelque bon Dieu.

Quand les guignons les abandonnent
Elles épousent des coucous
Sans cœur ni sexe, qui leur donnent
Moins d’heures douces que de coups !

Chez elles jamais rien n’accuse
Les tressauts d’un tempérament :
Sans passion et sans excuse
Elles se livrent bêtement.

Leurs amours sont des flâneries.
L’homme pour elles n’est qu’un bras
À les conduire aux brasseries,
À les poser aux alhambras.

Sans soif, — ainsi qu’elles caressent, —
Elles boivent comme des trous.
Leurs cerveaux constamment paressent :
Elles n’ont ni mots, ni froufrous