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Cependant le temps qu’ils avaient fixé pour commencer la guerre s’approchait, et il y avait déjà trois mois qu’ils s’y préparaient. J’espérais qu’en partant ils me laisseraient seul au village avec les femmes, et que j’en profiterais pour m’échapper.


De l’arrivée d’un vaisseau français qui acheta aux sauvages du coton et du bois du Brésil, et à bord duquel je me serais volontiers embarqué si Dieu l’avait voulu permettre.
CHAPITRE XL.

Huit jours avant l’époque qu’ils avaient fixée pour leur expédition, un vaisseau français entra dans une baie que les Portugais nomment Rio-de-Janeiro, et les Indiens Iterronne. C’est là que les Français ont l’habitude de charger du bois du Brésil. Ils vinrent avec une embarcation au village où j’étais, et achetèrent aux Indiens, du poivre, des singes et des perroquets. L’un d’eux, nommé Jacques, qui parlait leur langue, étant venu à terre, me vit, et demanda la permission de m’emmener. Mon maître le refusa, disant qu’il voulait beaucoup de marchandises pour ma rançon. Je tâchai de leur persuader de me conduire au vaisseau, leur promettant qu’on leur en donnerait ; mais ils me répondirent : Non, ce ne sont pas tes vrais amis, car, sans cela, ceux qui étaient dans le bateau t’auraient donné une chemise pour t’empêcher d’aller tout nu ; et tu vois qu’ils ne se soucient pas de toi (ce qui, du reste, était vrai). Il faut d’abord que nous allions à la guerre ; le vaisseau ne partira pas de sitôt : à notre retour nous te conduirons à bord.