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en flèches, plumes, pierres à mettre dans les oreilles, etc., afin que son idole ne soit pas oubliée. Quand ils sont réunis, ils prennent leur tammaraka à la main, et la parfument avec une herbe qu’ils nomment bittin. Le paygi la place ensuite devant sa bouche, la remue, et lui dit dans sa langue : Nee rora. Parle et fais-toi entendre, si tu es dedans. Il lui parle ensuite si bas, que je n’ai pu entendre si c’est la tammaraka ou l’Indien qui parle ; mais les Indiens croient que c’est l’idole. Le paygi les prend toutes les unes après les autres, et fait la même chose. Ensuite tous les prophètes les excitent à aller à la guerre et à faire des prisonniers, les assurant que l’esprit qui habite la tammaraka a envie de manger de la chair humaine. Alors ils se mettent en campagne.

Quand le paygi a fait des dieux de tous ces grelots, chacun emporte le sien, lui fait une petite cabane, l’appelle mon cher fils ; lui offre à manger, et l’invoque toutes les fois qu’il veut en obtenir quelque chose, comme nous invoquons le Seigneur. Voilà toute leur religion. Ils ne connaissent pas le vrai Dieu, et croient que le ciel et la terre ont toujours existé. Ils ne savent rien de la création du monde.

Ils disent qu’autrefois il y eut une grande inondation ; que tous leurs ancêtres furent noyés, excepté quelques-uns qui réussirent à s’échapper dans leurs canots, ou en montant sur de grands arbres. Je pense qu’ils veulent parler du déluge.

Lorsque j’arrivai parmi eux et qu’ils me parlèrent de tout cela, je crus d’abord que cet esprit devait être le démon ;