Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que c’étaient seulement des esprits d’un pays étranger qui désiraient savoir ce que je devenais. Ils ont beaucoup de superstitions de ce genre.


De leur manière de naviguer.
CHAPITRE XXIV.

Il y a dans ce pays une espèce d’arbre que l’on nomme yga-ywero ; ils en détachent l’écorce depuis le haut jusqu’en bas, et font, autour de l’arbre, une espèce d’échafaudage pour l’enlever d’un seul morceau.

Quand ils ont arraché cette écorce, ils la portent au bord de la mer, la chauffent fortement, replient les deux bouts, après avoir eu soin d’y placer des traverses en bois, et en font ainsi des canots, qui peuvent porter jusqu’à trente personnes. Cette écorce est épaisse d’un pouce, et les canots ont environ quatre pieds de large sur quarante de long : il y en a de plus petits et de plus grands. Ils vont fort vite, et les sauvages font souvent de très-longs voyages dans ces embarcations. Quand la mer devient mauvaise, ils les tirent à terre, et se rembarquent, dès que la tempête est apaisée. Ils ne s’avancent pas à plus de deux milles en mer ; mais ils vont quelquefois très-loin le long des côtes.


Pourquoi ils dévorent leurs ennemis.
CHAPITRE XXV.

Ce n’est pas parce qu’ils manquent de vivres, mais par haine, qu’ils dévorent le corps de leurs ennemis. Pendant le combat, chacun crie à son adversaire : « Dete immeraya schermiuramme beiwoe. Que tous les malheurs tombent sur toi, que je vais manger. De kange juka cipota kurine. Je te briserai la tête aujourd’hui. Sche irmamme pepicke rescagu. Je viens pour venger sur toi la mort des miens.