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Yan de soo schemocken sera quora ossorime rire. Je ferai rôtir ta chair aujourd’hui avant que le soleil soit couché. » C’est par inimitié qu’ils disent tout cela.


Des préparatifs qu’ails font quand ils veulent entreprendre une incursion dans le pays de leurs ennemis.
CHAPITRE XXVI.

Quand les Indiens veulent faire une expédition dans le pays ennemi, les chefs se rassemblent et délibèrent sur la manière dont ils veulent la diriger : ils font ensuite annoncer dans toutes les cabanes qu’on ait à se préparer à marcher. Pour fixer l’époque du départ, ils disent : c’est quand telle espèce de fruit sera mûre ; car ils n’ont aucune autre manière de désigner les années et les jours. Ils choisissent ordinairement, pour leur départ, l’époque du frai d’une espèce de poisson qu’ils appellent pratti ; ils nomment cette saison, le moment du frai, pirakaen. Alors ils mettent en état leurs canots et leurs flèches, et s’approvisionnent de farine de manioc séchée, qu’ils nomment vythan ; puis ils consultent les paygi, leurs prophètes, pour savoir s’ils auront la victoire. Ceux-ci la leur promettent ordinairement, mais ils leur recommandent en même temps de faire attention aux songes relatif à leurs ennemis. Quand il arrive qu’un grand nombre d’entre eux ont rêvé qu’ils faisaient rôtir la chair de leurs adversaires, cela présage une victoire ; mais s’ils voient rôtir leur propre chair, cela n’annonce rien de bon, et ils renoncent à l’entreprise. S’ils croient que leurs rêves leur promettent une bonne réussite, ils préparent de la boisson dans toutes les cabanes, s’enivrent, dansent avec leurs tammarakas, et chacun prie la sienne de lui faire faire un prisonnier. Ils se mettent en route, et, lorsqu’ils sont près du pays ennemi ou qu’ils pensent y arriver le lendemain,