Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/179

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paraîtra étrange à plusieurs ; cependant qu’y faire ? Je ne suis pas le premier, et je ne serai pas le dernier qui ait connaissance de cette navigation, de ces peuples et de ces pays. C’est ce que doivent voir, et ce que verront ceux qui sont disposés à se moquer de moi.

Il est bien naturel que ceux qui ont passé de la mort à la vie n’éprouvent pas les mêmes sentiments que ceux qui ne sont que spectateurs, des dangers ou qui seulement en entendent parler. D’ailleurs, si tous ceux qui vont en Amérique, tombaient comme moi dans les mains des Indiens, personne ne voudrait y aller.

Mais on trouvera plus d’un homme d’honneur en Castille, en Portugal, en France et même à Anvers en Brabant, qui ont été en Amérique, et me rendront témoignage de la vérité de tout ce que j’ai avancé.

Quant à ceux qui ne connaissent pas le pays, j’en appelle à ces témoins, et avant tout, à Dieu.

Je fis mon premier voyage en Amérique, à bord d’un vaisseau portugais, dont le capitaine se nommait Pintiado. Il y avait trois Allemands à bord, Henri Brant de Brème, Hans de Bruchhausen et moi.

A mon second voyage, je partis de Séville pour me rendre à Rio de la Plata : c’est une province de l’Amérique que l’on nomme ainsi. Le capitaine se nommait Diego de Sanabrie. Mais, après avoir éprouvé toute espèce de souffrances et de dangers, pendant deux ans que dura notre voyage, nous fîmes naufrage dans une île nommée Saint-Vincent, très-proche du continent du Brésil, et qui est habitée par des Portugais.