Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/24

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Nous arrivâmes d’abord à l’île de Madère, soumise au roi de Portugal, et qui est habitée par des Portugais ; elle abonde en vin et en sucre. On y voit une ville, nommée Funchal, où nous fîmes provision de vivres.

Nous nous rendîmes de là à un port de Barbarie, nommée Cape de Gel (le Cap Ger), qui appartient à un roi maure, nommé Schiriffi. Cette ville était soumise autrefois au roi de Portugal, mais Schiriffi la lui a enlevée. Nous espérions nous emparer dans ces parages d’un vaisseau qui commerçait avec les infidèles.

En approchant de la côte, nous rencontrâmes beaucoup de pêcheurs espagnols qui nous assurèrent qu’il y avait des vaisseaux près de la ville, et nous vîmes bientôt sortir du port un bâtiment richement chargé. Nous le prîmes après lui avoir donné la chasse ; mais l’équipage s’échappa dans les embarcations. Ayant aperçu sur la rive une chaloupe qui pouvait les remplacer, nous allâmes nous en emparer.

Les Maures arrivèrent à cheval pour nous résister ; mais notre artillerie les en empêcha, et nous retournâmes à Madère avec notre prise, qui était chargée de sucre, d’amandes, de dattes, de peaux de chèvres et de gomme arabique. Nous expédiâmes l’autre vaisseau à Lisbonne, pour demander au roi ce que nous devions faire des marchandises dont nous nous étions emparés, et qui appartenaient à des négociants de Castille et de Valence. Il nous ordonna de continuer notre route vers le Brésil, et de laisser notre prise à Madère, pour qu’il eût le loisir d’informer.