Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/42

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et virent qu’elle était entièrement déserte. ce qui nous détermina à allumer du feu et à abattre un palmier pour en manger la moelle. Nous continuâmes nos recherches le lendemain dès le point du jour, car nous étions déterminés à savoir si le pays était habité, ce qui nous paraissait probable, puisque nous avions découvert de vieilles cabanes. En avançant, nous fûmes fort étonnés d’apercevoir sur un rocher un morceau de bois qui ressemblait à une croix, sans pouvoir nous imaginer qui l’avait placé là. Quand nous y arrivâmes, nous vîmes que c’était en effet une croix plantée dans les pierres, et à laquelle était attachée un morceau de tonneau sur lequel on avait gravé une inscription presque illisible. Nous cherchâmes à deviner quel vaisseau l’avait laissée, et si nous étions vraiment dans l’endroit où l’on nous avait donné rendez-vous.

Nous continuâmes toujours à remonter le fleuve, emportant l’inscription ; enfin, l’un de nous parvint à y déchiffrer les mots suivants en langue espagnole : Si vehu por Ventura, ecky la armada de su Maiestet, Tiren uhn tire aj averan recado. (Si viniese por ventura aqui la armada de su magestad, tiren un tiro y habran recado). Ce qui veut dire : Si par hasard la flotte de sa majesté vient ici, qu’elle tire un coup de canon, on lui répondra.

Nous retournâmes promptement où était la croix pour y décharger un coup de fauconneau, et nous recommençâmes à remonter la rivière.