Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/43

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Bientôt ayant aperçu cinq canots chargés de sauvages qui s’avançaient vers nous, nous apprêtâmes nos armes. Mais quand nous fûmes plus près, nous distinguâmes parmi eux un homme qui avait des habits et un chapeau Il était debout sur l’avant du canot ; nous le reconnûmes aussitôt pour un chrétien. Nous lui criâmes alors de faire arrêter les autres embarcations et de s’avancer avec un seul canot pour nous parler.

Quand il fut près de nous, et que nous lui eûmes demandé où nous étions, il nous répondit : « Vous êtes dans le port que les Indiens appellent Schirmirein ; et, pour que vous me compreniez mieux, j’ajouterai que les premiers qui l’ont découvert lui ont donné le nom de baie de Sainte-Catherine. »

Cette nouvelle me réjouit beaucoup, car nous étions entrés sans le savoir dans le port que nous cherchions, et cela, le jour même de Sainte-Catherine. C’est ainsi que Dieu sait tirer des plus grands dangers ceux qui implorent son secours du fond du cœur.

Il s’informa à son tour d’où nous arrivions ; nous lui répondîmes que nous venions d’Espagne sur un vaisseau de sa majesté, et que nous allions à Rio della Plata ; que nous attendions d’autres vaisseaux avec lesquels nous étions partis, et que nous espérions qu’ils arriveraient bientôt pour se réunir à nous. Il se montra fort satisfait de cette nouvelle, et nous raconta que, trois ans auparavant, il avait été envoyé d’une ville de cette province, nommée la Soncion (l’Assomption), qui appartient aux Espagnols, et qui est éloignée de prés de trois cents milles de l’endroit où nous nous trouvions. On l’avait chargé de faire cultiver le manioc par les Indiens Carios, qui sont alliés des Espagnols, afin de pouvoir en fournir aux vaisseaux qui auraient besoin de se ravitailler.