Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/68

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Je ne compris pas alors ce mot, mais il veut dire danser. Ils me conduisirent donc hors de la hutte et sur la place, en me tirant par la corde que j’avais au cou. Toutes les femmes qui étaient dans les sept cabanes vinrent s’emparer de moi, et les hommes nous laissèrent. Les femmes m’entraînèrent, me prenant les unes par les bras, les autres par la corde, qu’elles serraient tellement, que j’avais de la peine à respirer. Je ne savais pas ce qu’elles voulaient faire de moi ; mais je me consolais en pensant aux souffrances de Notre Seigneur Jésus-Christ, et à la manière dont il avait été traité par les juifs. Elles me conduisirent ainsi devant la cabane du roi, qui se nommait Vratinge Wasu, c’est-à-dire le Grand Oiseau Blanc ; elles me couchèrent sur un grand tas de terre qui se trouvait devant la porte. Croyant que ma dernière heure était venue, je regardais de tous côtés pour voir si on n’apportait pas l’Ywera pemme ; c’est ainsi qu’on appelle l’espèce de massue avec laquelle on assomme les prisonniers. Une femme s’approcha alors avec un morceau de cristal attaché entre deux baguettes, et me rasa les sourcils ; elle voulut aussi me couper la barbe, mais je l’en empêchai en disant que je voulais mourir avec ma barbe. Elles répondirent qu’elles ne voulaient pas encore me tuer, et consentirent à me la laisser. Cependant, quelques jours après, elles me la coupèrent avec des ciseaux que les Français leur avaient donnés.


Comment les Indiens me firent danser devant la cabane qui contient leurs idoles, nommés Tamerka.
CHAPITRE XXIII.