Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/94

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Il y avait à bord du vaisseau un Français, nommé Claudio Mirando ; je pensai en effet qu’il devait y être, puisqu’il avait été à bord de celui qui était venu précédemment ; et j’en prévins les sauvages, en leur disant que c’était mon frère.

En effet, quand ils revinrent à terre, ils m’annoncèrent que mon frère était encore venu pour me chercher, qu’il m’apportait une caisse de marchandises, et désirait me voir. Je leur dis alors : « Conduisez-moi au vaisseau, afin que je parle à mon frère, les Portugais ne nous comprendront pas : je le prierai de dire à mon père de venir me chercher, et de vous apporter un vaisseau plein de marchandises. » Ils y consentirent, mais ils craignirent que les Portugais ne nous comprissent, car ils se préparaient à une grande expédition qu’ils voulaient commencer au mois d’août, en attaquant le fort de Brikioka, où j’avais été fait prisonnier. Ils savaient que je connaissais tous leurs plans, et ils avaient peur que je n’en parlasse. Je leur assurai que les Portugais ne comprendraient pas la langue dans laquelle je parlerais avec mon frère. Ils m’amenèrent donc jusqu’à la distance d’un jet de pierre du vaisseau, et je criai à ceux qui s’y trouvaient : « Dieu soit avec vous, mes frères, qu’un seul de vous me parle, et laissez croire aux Indiens que je suis Français. » Alors un nommé Jean Sanchez, Biscaien, que je connaissais bien, me dit : « Mon cher frère, c’est à cause de vous que nous sommes venus avec ce vaisseau. Nous ignorions si vous étiez mort ou vivant, car le premier vaisseau n’a pas pu avoir de vos nouvelles ; et le capitaine Brascupas de Sanctus nous a ordonné