Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/96

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Je leur répondis que je l’avais exhorté à tâcher d’échapper aux Portugais, de se rendre dans notre pays, de revenir avec un vaisseau de marchandises, et de les récompenser, parce qu’ils étaient bons et me traitaient bien ; ce qui parut leur plaire beaucoup. Ils commencèrent à dire entre eux : « Certainement c’est un Français, traitons-le mieux à l’avenir. » J’avais soin de leur répéter souvent qu’il viendrait bientôt un vaisseau pour me racheter. Depuis cette époque, ils me conduisirent avec eux dans les bois pour les aider dans leurs travaux.


Comment un esclave de ces Indiens me calomniait toujours et aurait désiré me voir dévorer, et comment il fut tué et mangé en ma présence.
CHAPITRE XXXIX.

Il y avait parmi eux un esclave de la nation Carios ; qui est aussi l’ennemie des Tuppins-Inbas et l’alliée des Portugais ; il avait été l’esclave de ces derniers, et s’était échappé. Or, les sauvages n’ont pas coutume de tuer ceux qui s’échappent ainsi, à moins qu’ils ne commettent quelques crimes : ils les traitent en esclaves et s’en font servir.

Il y avait déjà trois ans que cet Indien Carios était parmi les Tuppins-Inbas ; et il leur raconta qu’il m’avait vu accompagner les Portugais à la guerre et tirer sur les Tuppins-Inbas. Il ajouta que c’était moi qui avais tué un de leurs rois qui avait péri dans un combat quelques années auparavant, et les exhorta fortement à me faire mourir,