Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/97

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assurant que j’étais leur plus grand ennemi ; et cependant tout cela était des mensonges, car il était dans ce village depuis trois ans, et il n’y en avait qu’un que j’étais arrivé à Saint-Vincent quand il s’était sauvé. Je suppliais sans cesse le ciel de me protéger contre ses calomnies.

Vers 1554, environ six mois après que j’eus été fait prisonnier, ce Carios tomba malade ; et son maître vint me prier de lui rendre là santé, afin qu’il pût l’envoyer à la chasse pour nous procurer des vivres, me promettant de m’en donner une partie ; et il ajouta que si je pensais qu’il ne guérirait pas, il le donnerait à un de ses amis pour le tuer, et acquérir du renom par ce moyen.

Il était malade depuis une dizaine de jours, quand, pensant le soulager, j’essayai de le saigner avec la dent d’un animal, nommé Backe, que les sauvages aiguisent à cet usage ; mais je ne pus réussir à tirer du sang. Les Indiens, voyant cela, commencèrent à dire : Puisqu’il ne peut échapper à la maladie, il vaut mieux le tuer.