Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, trad Ternaux, Arthus Bertrand 1837.djvu/136

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nous, sauteur. » Je demandai à mon maître si on allait me tuer. Il me répondit que non, mais que c’était leur habitude de traiter ainsi les esclaves. Ils me délièrent enfin, et commencèrent à me tâter de tous côtés : l’un disait qu’il voulait avoir la tête, l’autre le bras, l’autre la jambe. Ils me firent ensuite chanter, et je commençai à chanter un psaume ; puis ils m’ordonnèrent de traduire ce que j’avais chanté. Je dis que j’avais chanté mon Dieu ; mais ils me répondirent : « Ton Dieu est un tavire, » c’est-à-dire une ordure. Ces paroles me firent bien du mal, et je pensais : Dieu, que tu es bon de souffrir tout cela ! Après que tous ceux du village m’eurent examiné et insulté à loisir, le roi Konyan Bebe recommanda à ceux qui étaient chargés de moi de me garder avec grand soin.

Le lendemain, lorsqu’on me fit sortir de la cabane où nous avions couché pour me reconduire à Wattibi où je devais être mangé, ils me criaient ironiquement qu’ils