Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, trad Ternaux, Arthus Bertrand 1837.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

construisions une hutte pour passer la nuit, ils m’ordonnèrent d’empêcher le mauvais temps. Je dis alors à un petit garçon qui était occupé à ronger un des os de cet esclave, où il restait encore un peu de chair, de le jeter. Mais les sauvages s’y opposèrent, en disant que c’était pour lui la meilleure nourriture.

Quand nous fûmes à un quart de mille du village, il devint impossible d’avancer, tant les vagues étaient fortes. Nous tirâmes le canot à terre, dans l’espérance que l’orage s’apaiserait, et que nous pourrions continuer notre route le lendemain ; cependant, voyant qu’il ne s’apaisait pas, ils se décidèrent à aller par terre. Avant de partir, ils mangèrent la chair qu’ils avaient apportée, et le jeune garçon acheva de ronger son os et le jeta. Quelques instants après, le ciel commença à s’éclaircir. Vous voyez ! leur dis-je, vous ne vouliez pas croire que Dieu était irrité de voir cet enfant manger de la chair humaine. Néanmoins ils