AMIS
Il y a des jours où un homme d’esprit discuterait pendant une heure sur la peine de mort.
Georges Desreynes était dans ses phases d’éloquence ; mais pas un sot à qui parler ! Ce messie arriva.
— Vous dérange ? Tant pis : j’entre. C’est pressé.
Le jeune Parisien, alors penché vers la table, se retourna ; puis, mettant sur sa face un sourire de supériorité bienveillante, il tendit la main au visiteur.
— Eh ! qu’avez-vous donc, cher ami ?
— Bonjour ! Votre domestique m’a dit que monsieur achevait ses malles. Trahison ! M’abandonnez !
Le clubiste se jeta sur un fauteuil, croisa ses jambes et se mit à taper, du bout de la canne, la pointe aiguë de ses bottines vernies.
Desreynes était revenu vers la table ; et, toujours debout, le dos tourné, il continuait à remuer des lettres amoncelées autour du large encrier de bronze.