Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/266

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— Georges, je t’aime.

— Je vous hais, et vous mentez ! Je vous hais, comprenez-vous ? Et toujours je vous ai haïe. Comme personne au monde !

Il lui sifflait ses mots en plein visage ; elle porta ses bras au cou de l’homme. Il lui saisit les poignets, et les serrant à la faire crier :

— Vous êtes une misérable et vous allez sortir !

Il la conduisit vers le seuil, toujours garrottée dans ses doigts furieux : elle ne broncha pas sous la douleur.

Mais à cet instant, un bruit de pas traversa le corridor : Georges attendit, immobile et pâle, les regards fixés au mur.

— Tu as peur qu’on ne nous surprenne, n’est-ce pas ?

Le triomphe éclatait dans ses yeux verts.

— Eh bien ! Si tu pars, je dis tout !

Elle s’enfuit.

— Je gagne, je gagne ! Quelle victoire, s’il cédait !

Après les cinq minutes d’usage accordées à la joie d’un sentiment nouveau :

— J’en aurai peut-être assez au bout de quatre jours ?… Non… Je crois que je l’aimerai.

Puis : — « Comme c’est amusant de tutoyer un homme ! »

On l’avait battue ! Elle ! Malgré son orgueil, elle n’y voyait aucun sujet de honte. De méchants moralistes ont écrit que les femmes se plaisent aux mains trop promptes, tant leur faiblesse aime la