Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/267

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force : cet axiome eût indigné Jeanne plus que l’étreinte dont son bras était rouge encore. Mais tout ce qui tient de la passion n’est-il point pour charmer les âmes passionnelles ? Georges, depuis son coup de rage, avait fait un grand pas dans l’estime de Merizette. « Il est violent ! Je le dompte. » Car il n’avait pour lui que le ressort des muscles, et la maîtrise restait en elle seule. Elle frottait ses mignonnes mains.

Elle se résuma en une formule qu’elle répétait volontiers : « La femme est pour l’homme, l’homme est à la femme. »

— Quelle abominable créature ! pensait Georges.

Il enfonçait du poing ses effets dans les masses.

— Et quelle folle ! Si de telles vipères ne devraient pas porter un signe au front, pour qu’on les écrasât de la botte, dès qu’elles naissent. Qu’elle dise un mot, je l’étrangle !

Il avait besoin de s’affirmer hautement que la menace de Jeanne était bien dérisoire et sotte ; mais son affirmation si ferme ne le rassurait qu’à peine.

— Ces poisons-là sont capables de tout… Ah ! Que nous crevions elle et moi, et que Pierre ignore toujours !


C’est alors que, le front dans ses deux mains et les deux coudes sur la table, Arsemar souffrait dans tous ses cultes, et désolait son cœur d’un plus vaste mépris des hommes.

— Rien n’est donc sacré pour l’envie, et sur tout la