Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/277

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Barraton surveillait avec inquiétude l’effet de sa déclaration.

— Vous avez jugé par vous-même, mon brave, que les accusations légères sont parfois aussi injustes que dangereuses ; je connais cette infamie : d’où la tenez-vous ?

— Ma foi, mon bon monsieur, je ne voudrais occasionner de la misère à personne, et si j’ai répété ça…

— C’est qu’on vous l’a conté… Qui ?

— Eh ! Ceux de chez vous, hier au matin.

— Qui ?

— Dame ! Personne, un peu tous ; vous savez, en déjeunant, on cause…

— Et l’on disait ?

— Ils disaient que ce n’est pas bien, et que vous êtes un si digne homme…

— Passez.

— Ils ne donnaient pas vraiment des vraies preuves, mais ils expliquaient tout de même qu’ils les avaient vus… Oui, patron, ils disaient ça, et Mlle  Louise, comme vous l’appelez, a raconté qu’une fois ce monsieur l’avait embrassée, et votre dame en était si jalouse, qu’elle voulait la renvoyer.

— Merci, Barraton. Tout cela est horriblement faux. Au revoir.

Pierre se retira. On les a vus ! Le terme dépassait toute audace. Voilà qui réclamait prompte justice ! On les a vus ! Il ne s’agissait pas ici d’indécises railleries. Voir ! Quoi