Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/416

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Mais il répétait : « Je ne peux plus. »

Les heures tintaient au clocher d’une église.

Il vint à sa table et écrivit.

« J’institue mon légataire universel M. Desreynes Georges, demeurant à… »

Quand il eut terminé, il s’allongea sur le lit.

Aussi longtemps qu’il put, il lutta.

L’aube commençait à bleuir les vitres, derrière les rideaux grisâtres.

Il redescendit à la chambre de Desreynes, et, sans bruit, il entra.

— Qu’as-tu, que veux-tu ?

— Rien, j’avais envie de te voir un peu.

Oh ! Ce soupçon !

Ils s’assirent face à face, profondément émus tous deux, et tous deux le cachant.

Enfin, Pierre s’avança pour embrasser l’ami.

— Adieu, dit-il, il faut aller dormir… dormir.

— Je t’accompagne.

— Reste là.

— Non.

Ils montèrent, sous la froide clarté du matin.

Leurs pas lourds s’écrasaient sur les marches et sourdement sonnaient dans les couloirs.

Desreynes inspecta la pièce et n’y vit rien de suspect.

— Qu’est-ce que cette lettre ? Tu écris à ton notaire ?