Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/74

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je ne m’en souviens plus. C’était une histoire de rencontre… Aimez-vous le talent de Claude Perrenet ? J’ai vu son œuvre, au dernier voyage que je fis en compagnie de mon père et de ma tante… Ils sont venus nous rendre visite, et m’ont emmenée à Paris… Donc… moi, je trouve …

Elle se promenait dans des théories d’art et pesait ses mots avec une attention d’écolier.

— J’ai étudié cela dans de gros livres pour vous paraître savante. Suis-je assez gentille ? Demain, je vous appellerai Georges tout court ! Nous nous connaîtrons, n’est-ce pas, depuis assez longtemps !

Elle le harcelait. Plusieurs fois, Pierre remarqua chez son ami une impatience trop mal dissimulée.

— Tu es soucieux, petit Georges, et tu me fais de la peine. Aurais-tu quelque sujet d’ennui ?

— Mais non, mon cher, un peu de lassitude, voilà tout.

— C’est égal, tu changes ; autrefois, tes idées ne restaient pas en place : tu avais un cent de carpes dans la tête. Je t’aime autant comme cela, pour ma part. Dis, est-ce qu’on deviendrait vieux déjà ? Car je ne te fais pas l’injure de supposer que notre compagnie t’obsède…

Il sentait bien pourtant que sa pauvre Jeanne avait déplu et qu’on la jugeait mal : bien à tort, pensait-il, mais il excusait Georges de cette prévention, tant la mignonne s’était montrée légère ! Elle était comme grise de plaisir ! Et Pierre s’enchantait à songer que