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LA VIE EXTÉRIEURE.










PREMIER ORAGE


à catulle mendès



Et le soleil croula, tout rouge, dans la mer.
L’eau houlait, morne et sombre, au large. Un souffle amer
Siffla sur les rochers et convulsa les plantes,
Long, chaud, lourd, et dans des ondulations lentes,
Vint mourir sur le front des coteaux et des bois.
Sur tout l’Eden, le ciel noircit. Au loin, des voix
Ronflaient sinistrement dans le creux des montagnes.
Et le premier éclair s’alluma : les campagnes
Blêmirent, le tonnerre ébranla l’horizon.

L’Homme, hagard, sentant tournoyer sa raison,