Page:Haraucourt - L’Âme nue, 1885.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


98
LA VIE EXTÉRIEURE.

Sagesse des couleurs, mysticité des choses ;
Majesté de la vie et sacre de la chair ;
Terre promise, Éden des yeux, Paradis roses,
Astre qui nous conduis et rends le soir plus cher !


Arc-en-ciel apparu sur l’orage de larmes
Que versait notre angoisse en attendant sa fin ;
Aurore de la joie et couchant des alarmes,
Manne d’idéal pur dont notre rêve a faim !


C’est toi le vrai sauveur et toi le vrai messie,
Rédemption des sens, crèche des voluptés,
Verbe que promettait l’antique prophétie,
Seul don de Jéhovah à ses déshérités !


Salut ! Nous dresserons dans des châsses d’ivoire
De blancs socles d’argent sous tes pieds immortels,
Et l’homme, ayant des dieux auxquels il puisse croire,
Rajeunira son cœur en baisant tes autels.