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LES FORMES.





AVRIL


à mademoiselle berthe d.




Là-bas, seule, elle lit, sous le chagrin des saules
Qui versent leur fraîcheur humide à ses épaules :
Sa jupe rose luit sur le fond des bois verts,
Et les jeunes gazons grimpent vers sa cheville,
Tandis qu’un ruisseau court, invisible, et babille
 Sous le vol strident des piverts.

Les vieux chênes massifs aux troncs marbrés d’usnée,
Les fins bouleaux, dressant leur maigreur satinée,
Les lilas, ondulant sous les grappes de fleurs,
Tous se lancent des cris et des oiseaux, dans l’ombre,
Qui vont, ici, là, vifs, multipliant leur nombre,
 Comme les boules des jongleurs.