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LES FORMES.

C’est l’heure où l’Israha, sous les vapeurs du soir,
Étalant son brasier torride et sans retraite,
Fume et crépite au loin comme un vaste encensoir.


Le Soleil épuisé tremble, énorme, et s’arrête,
Puis, s’effondre, envahi par les horizons plans
Dont ses derniers rayons font palpiter l’arête.


L’astre agonise, au bord des larges cieux sanglants :
La vie immense coule en jets inépuisables
Des blessures de feu qui s’ouvrent à ses flancs.


Et, sans voir les troupeaux d’étoiles méprisables
Dont les yeux clignotants commencent à s’ouvrir,
Tous deux, par-dessus l’or et la pourpre des sables,


Le Fauve et le Soleil se regardent mourir.