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LES FORMES.

 
À l’air pur, aux oiseaux à qui Dieu fit des ailes,
Aux papillons dorés, aux sveltes demoiselles,
Aux nuages, au vent qui court sous le ciel chaud,
À tout ce qui peut fuir et s’envoler bien haut !


Il dresse avec lenteur son front chargé de mousse ;
Et lui, l’être hideux que tout fuit ou repousse,
L’être triste et honteux, le paria du jour,
Seul, lamentablement, pleure son chant d’amour…

 
Amour ! Amour ! Sa voix s’élance dans l’air libre.
Chanter, c’est être deux ! La note tremble et vibre :
Soupir doux et plaintif, soupir mélodieux,
Hymne de désir vague et de naïve extase,
Cri d’une âme en douleur qui râle sur la vase,
Et qui monte en râlant vers l’infini des cieux !