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MIDI.



REMORDS FUTUR


à ernest coquelin




Hélas ! les jours viendront de sénile atrophie
Où je déviderai l’autre bout de ma vie,
Maigre Hercule, filant aux genoux de la Mort.
Quinteux, goutteux, gâteux, plein de bile et plein d’asthmes,
J’engluerai de vers mous mes plats enthousiasmes,
Comme un chien trop repu bave sur l’os qu’il mord.


Suçant une dent jaune et mâchant mes gencives,
J’égoutterai, le soir, en sagesses poncives,
Froid devant la féerie ardente des tisons.
J’emplirai les printemps de l’effroi des automnes,
Usant avec lenteur les vieux mois monotones,
Conseillant la décence et vendant des maisons.