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Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/134

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LA PEUR

sur place, sans me dégager d’une ligne. Je criais : « Au feu ! À moi ! Au secours ! »

Le ronflement se rapprochait, et le craquement multiple. En grésillement s’y joignait, et devant moi, derrière, d’autres agonisants poussaient des cris pointus. Combien de temps cela put-il durer ? Je ne sais pas. J’ouvrais la bouche toute grande, cherchant l’air pur, à droite, à gauche, buvant de la fumée. Je m’évanouis pour la seconde fois.

Ce qui suivit, je le sais mieux : l’eau coulait sur moi en cascades ; elle me ranima. L’eau coulait sur ma tête, tiède d’abord, plus fraîche ensuite. Je respirais mieux. Des coups violents frappaient du bois, coups de haches ou de maillets, et des propos distincts s’échangeaient entre des hommes :

— Hardi, les pompes !

— Il était temps !

— Malheur !

Je compris qu’on avait éteint l’incendie. Je murmurai :