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LA PEUR

lorsque les coups de hache ont sonné en avant de moi, tout près.

— Ici !

Un air plus respirable m’arrivait, j’ai vu clair, un peu, et puis, j’ai vu davantage. Des lances de fer, des poignards de bois, des lambeaux d’étoffes, des couteaux de verre, autour de moi, innombrables, noirs, jaunes, rouges, de toutes part me menaçaient. Je connus alors une nouvelle forme de la terreur, à l’idée qu’il faudrait m’arracher de cette herse aux mille dents, et qu’on ne le pourrait sans me déchirer, morceau par morceau…

Trop d’armes se braquaient contre moi, et je les discernais trop ! Ainsi, vraiment, j’avais été broyé au milieu de cet enfer, et je vivais ? Cela m’apparaissait maintenant, comme une hypothèse inadmissible, et stupidement, — ah ! que voulez-vous, on devient fou ! — je me remis à douter de mon existence.

Une toiture ayant cédé sous l’effort des travailleurs, la lumière se fit plus atrocement précise. Les hommes arrivaient.

— Ici !