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LE SETUBAL

lui fallait abandonner faute de preuves, et ils passèrent outre.

Sur ces entrefaites, d’ailleurs, la formidable bataille de Capo-Maisi attira sur elle l’attention du monde, et l’aventure de Santiago fut reléguée parmi les affaires déjà anciennes et de moindre importance.

Il faut noter cependant que le journaliste parut alors revenir à la charge ; dans un article insidieux, tout guindé de patriotisme, il se lamentait à nouveau sur la perte prématurée du cuirassé le plus récent et le mieux armé de notre escadre, et il s’attachait à démontrer que, si cette puissante unité n’avait pas fait défaut à notre flotte, en un moment décisif, l’issue de la bataille n’eût pas été la même : il établissait assez judicieusement que l’ennemi, dont les vaisseaux éprouvèrent une si grosse difficulté à doubler la pointe du Maisi, n’auraient pu réussir dans cette manœuvre, si les canons du Setubal s’étaient trouvés là pour barrer la route, et conséquemment nos forces navales n’auraient pu être enfermées dans une anse où leur écrasement devenait certain : le sort de deux empires en eût été changé !