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LA PEUR

Si j’y vais, et si j’entends geindre, si Blasquez se lamente, et s’il m’implore, le pauvre diable, je ne pourrai plus résister ?

Advienne qu’advienne !

Je m’élance vers la maison

J’arrive au seuil, et déjà j’y pose le pied ; mais le sol ondule sous moi, l’air tonne, les murs oscillent, je tombe à la renverse, et lorsque je rouvre les yeux, je vois tout le jardin qui redescend du ciel, comme les laves d’un volcan.

C’est fait.

L’irrévocable est accompli. Cinq minutes encore et je les délivrais. Ils ne tueront plus. Je les plains, cependant. Surtout, je les envie.

L’orage s’est décidé. La secousse de mon explosion l’a peut-être décidé, l’orage ? Qui sait ? J’ai aidé le ciel : il m’aidera. L’averse tombe sur les ruines. Allons nous livrer à la police.

Je les envie…