Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
LA PEUR

doit pas être soupçonnée ! Le nom dont vous portez l’honneur a toujours fait trembler et n’a jamais fait rire, souvenez-vous-en ! » Ah ! bien-aimé, mon bien-aimé, s’il doit me tuer, qu’au moins je t’aie revu, avant ! »

À Santiago, don José exerçait autour de sa femme un véritable espionnage. Le gros de l’escadre, dont le Setubal faisait partie, se tenait au large, à trois milles de la côte, et personne ne venait à terre ; l’amiral avait donné sur ce point des injonctions formelles, la flotte pouvant être appelée, d’une minute à l’autre, à des mouvements imprévus ; les torpilleurs, au contraire, se livraient à de fréquentes manœuvres, entre l’escadre et le port, et don José en profitait pour exercer par lui-même une police plus active.

Brusquement, le 22 juin au matin, ordre lui fut transmis d’avoir à rallier l’île de Navaza, en compagnie de trois autres torpilleurs. Qu’il soit parti bravement, dans la joie du soldat qu’on appelle à l’action, cela n’est