Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SUR LA ROCHE

À l’embranchement des deux chemins, cent mètres en avant du bourg, le petit cabaret trapu, à toit de chaume, avec son bouquet de branches sèches au-dessus de la porte basse et ses deux fenêtres carrées qui ressemblaient à des yeux sombres, regardait la route de Fouesnant.

La maison n’avait pas toujours été le taudis où les passants entrent pour boire. Autrefois, quand le père Guillou était encore de ce monde, il savait nourrir sa femme et sa fille : avec sa gabare, il faisait le camionnage de Groix et des Glenans, et gagnait bien. Mais, un jour, étant allé à Concarneau pour charger du ballast, il avait, plus que de coutume, couru les cabarets du port, avec des amis, et le soir, furieux d’alcool, on l’avait vu sauter dans son bateau, injuriant ceux qui