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Page:Hardouin - La Detenue de Versailles en 1871.pdf/125

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le commissaire civil C…, qui d’abord débuta par une fort longue leçon de morale à notre adresse. Tout à fait hors de propos dans l’état où nous nous trouvions, cet exorde aigre-doux n’était qu’un prétexte, ou plutôt qu’une précaution oratoire : au fond le commissaire venait nous annoncer notre prochain transfert à Clermont.

Ce fut un coup de foudre.

Certes, nous ne doutions pas que Versailles ne fût qu’une étape sur la route de l’exil ou de la détention et qu’il nous le faudrait quitter en même temps que l’espoir de rejoindre notre famille : mais toutes étaient loin de penser que ce moment fût si proche, et dans tous les cas, qu’aucun transfert général dût avoir lieu avant jugement. Chacun se hâta d’écrire à ses parents, à ses amis. Le lendemain la cour était pleine d’une population persuadée qu’elle venait recevoir les adieux des malheureuses prisonnières… C’était une fausse alerte. Le jour d’après, on vint nous dire en riant qu’il était seulement question d’expédier les femmes vingt par vingt…

Ainsi l’on se jouait de notre situation : elle était si plaisante ! — Une fausse alerte, hein ! s’était dit quelqu’un ; si nous leur donnions une