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fausse alerte ! Quelle bonne farce ! les parents accourront, on pleurera, on s’encouragera, ce sera drôle… D’autant plus drôle, que de la farce il restera quelque chose : les vingt en balance d’expédition, sans autre étiquette !

En effet, la plus douloureuse anxiété planait sur toutes : chacune redoutait que parmi les noms appelés ne se trouvât le sien, et craignait de n’être plus aux Chantiers dans les vingt-quatre heures. Les visites que nous recevions facilement de Paris nous retenaient au Grenier.

Le premier appel eut lieu 10 minutes avant le départ, et pour comble au milieu de la nuit. Ce qu’en de telles circonstances ce départ avait de poignant ne se peut exprimer. Nous nous étions comme habituées l’une à l’autre dans ce Grenier, où, quoi qu’il eût de triste, on jouissait d’une certaine indépendance ; et voilà que tout d’un coup il fallait changer de prison sans avoir été jugées !

La raison de l’évacuation des Chantiers, était simplement qu’on allait en renouveler la population.

De fait, après deux autres convois pour les Centrales, composés comme le premier de vingt prisonnières chacun, on vit arriver 300 femmes extraites de Saint-Lazare.