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Escortées d’une double haie d’agents en civil elles firent leur entrée dans la cour au milieu de l’étonnement et de la curiosité générales. Assez, bien mises pour la plupart, les nouvelles venues étaient propres. Leur toilette était soignée, leur teint blanc, tout en elles enfin tranchait tellement sur l’aspect hétéroclite et misérable des détenues de Versailles, qu’elles en restèrent toutes saisies. La vue de nos visages brunis par le soleil et de nos mains quasi-noires les frappa douloureusement, et c’est avec des larmes dans les yeux qu’elles entrèrent à leur tour au Grenier.

Les sbires de la rue de Jérusalem eux-mêmes ne cachaient pas leur étonnement. Mais ce qui dominait en eux c’était moins la surprise qu’un certain sentiment de malaise. En effet, sous les regards de tout ce monde féminin, leur contenance n’était rien moins qu’assurée : c’est que Beaucoup d’entre eux craignaient d’être reconnus, comme de fait plusieurs le furent sans ménagement. — « Tiens ! exclamait une voix, M. B., l’habitué du petit café X…, il est donc de la police à présent ! » ou bien : « Mais je ne me trompe pas, c’est bien M. P. que je vois, Tiens ! il en est donc aussi lui ! » Et dire que nous nous