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pareilles épreuves ont atteints comprendront mes angoisses. « À ce soir ! » m’avaient dit en partant à leur travail le père et le fils, qui devaient, en rentrant, trouver la maison vide, et ce bon baiser d’adieu, me rappelant la douce vie de mon foyer, me brisait l’âme.

L’arrivée d’une dame accompagnée de son fils vient m’arracher à ces tristes réflexions. La nouvelle venue était une petite femme brune, de mise convenable et qui pouvait avoir cinquante ans. J’appris plus tard, qu’elle était d’origine espagnole. Le jeune homme, son fils avait vingt-cinq ans ; Ses traits accentués déjà, son air digne et pensif, disaient à la fois l’intelligence et la souffrance. La touchante affection dont il entourait sa mère éveillait la sympathie. En les voyant s’approcher, je me levai.

La dame vint à moi. Elle savait assez de français pour se faire comprendre ; ils avaient été arrêtés, elle et son fils, sur la dénonciation de leur concierge, le matin sans qu’on leur donnât le temps de changer de vêtements : « Mon fils est médecin, me dit-elle, il a cru que la science, autant que l’humanité, lui faisait un devoir de donner des soins à quiconque les réclamait. Nous avons soigné, durant le siége et la Commune,