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jupon de reste ne se faisaient point faute de le transformer en rideau. La nuit, ces cordes pliaient sous le poids des hardes, encore bien qu’on se dévêtît peu. La seule couverture octroyée suffisait amplement à se garantir du frais matinal dans cette atmosphère attiédie de quatre cents haleines.

Il n’y avait pas d’heure fixe pour le lever : chacune à sa guise prenait du sommeil ce qui lui semblait nécessaire ; mais comme on était en août, la plupart préféraient à toute sieste prolongée une promenade dans la cour. Les poumons imprégnés d’air vicié l’exigeaient d’ailleurs impérieusement.

Quand le soleil, haut sur l’horizon, commençait à chauffer un peu trop, toutes, hormis les cuisinières en plein vent, remontaient au Grenier.

Mais voici dix heures ! C’est le moment de la distribution des vivres. Une voix rude crie de l’extrémité du vaste dortoir : « Les femmes, arrivez ! » — Alors toutes se lèvent, et comme aux plus mauvais jours du siége forment queue telle quelle, sans ordre de place ni numéro.

Ce pêle-mêle avait des inconvénients, à cause de la façon dont s’effectuait la remise des vivres.