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Page:Hardouin - La Detenue de Versailles en 1871.pdf/65

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traîna deux jours de cachot pour la coupable. Ne pouvant bâillonner la douleur, on la frappait réglementairement… Muette, elle était tolérée !

Une nuit, il pouvait être deux heures, un bruit insolite venu de la gare mit soudain toutes les femmes sur pied. Entraînée, j’en voulus connaître la cause, et les suivis à la fenêtre : voici ce que je pus voir. Aux lueurs du gaz et le long du quai de la gare un long ruban sombre se déroulait, pointillé de reflets métalliques. Évidemment un nouveau convoi de prisonniers était là, escorté d’hommes armés. Je m’attendais à voir la colonne s’engouffrer dans ces coffres-étables affectés au transport des fédérés, mais elle stationna. Pourtant un mouvement se fit ; des hommes se détachèrent de la masse, qui, bientôt suivis de quelques autres, s’arrêtèrent comme pour se consulter ; soudain plusieurs d’entre eux se baissant, enlevèrent du sol un fardeau que je pus distinguer. Pareille manœuvre eut lieu de la part des autres, et les deux groupes, se suivant à peu de distance s’éloignèrent comme pour sortir de la gare.

Intriguée, je concentrai mes regards vers ces hommes. Ils cheminaient lentement, et bientôt allaient disparaître derrière un mur, lorsque, obli-