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nora l’énigmatique

connu le chef du service secret de l’Angleterre en France. Je lui ai exposé mon projet de pénétrer chez l’ennemi afin de jouer un double jeu utile à notre cause. Il lui a fallu quelque temps pour se convaincre de ma sincérité ; puis il a cherché à me dissuader de cette idée dangereuse. Rien n’y faisait. Je suis têtue ! Alors, il m’a accordé toute son aide, me prodiguant conseils et instructions.

De son côté, Sudermann me mettait peu à peu au courant du métier. Enfin, je commençais à lui rendre des services. Mon chef anglais me fournissait des renseignements, d’une importance minime aux yeux des Anglais et qui étaient exacts ! Sudermann jubilait. J’avais toute sa confiance.

Je ne te dirai pas tout ce que j’ai accompli dans ce domaine. Petit à petit, j’acquérais de l’importance, d’abord parce que je ne me dépensais pas trop : je n’agissais qu’à bon escient. Les Fridolins me prisaient de plus en plus, attendu que les autorités britanniques s’arrangeaient parfois pour que je livre un morceau de choix. Au besoin, on consentait un sacrifice assez considérable à cause des avantages que procurait ma présence chez l’ennemi. Parfois, on me faisait livrer un espion qui menaçait de trahir.

Quant à ce que je rapportais de l’autre camp, c’était incalculable. J’avais donc atteint mon but.

Lors de l’invasion de l’Italie par les troupes alliées, d’un commun accord mes chefs allemands et anglais ont jugé que je serais plus utile ici. J’y suis venue et tu sais le reste, en gros. Il faut ajouter que, autant que possible, je me réfugiais effectivement, comme je le racontais, chez des parents ou d’anciens amis. Ces gens-