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nora l’énigmatique

En campagne, on se renseigne de diverses manières. Ce sont les avions de reconnaissance qui, sans cesse dans les airs, repèrent les mouvements et dispositions de l’adversaire. Ce sont les troupes engagées dans l’action qui font part de leurs observations. Ce sont surtout les officiers de renseignements, dont le grand moyen d’action se trouve dans l’interrogatoire des prisonniers de guerre, qu’on soumet aux questions alors qu’ils sont encore tout ébranlés par la rude aventure où ils sont passés.

Édouard Lanieu apprit qu’il est bien rare qu’on puisse se procurer des renseignements d’ensemble en campagne, bien qu’il arrive qu’on saisisse sur un officier fait prisonnier et qui n’a pas eu le temps de les détruire, des documents, des plans d’un haut intérêt. L’ennemi le sait et c’est pourquoi, avant l’invasion de la Belgique en 1940, il avait eu recours à un truc qui lui avait réussi. Un beau jour, un avion avait été forcé d’atterrir en territoire belge, alors neutre. Les Belges en avaient interné les occupants. Sur la personne d’un officier qui se trouvait parmi le groupe, on avait découvert les plans d’attaque de l’Allemagne, plans que la Belgique communiqua à ses alliés quand elle dut entrer dans le conflit. Or, ils étaient faux et l’incident n’avait été monté que pour nous induire en erreur.

Ces grands coups sont rares, à l’ordinaire, on n’a que des bribes de renseignements, dont l’accumulation et la confrontation permettent de dresser un tableau général de la situation. Bribes venues de partout, des troupes avancées, des prisonniers, de la population du lieu, des agents (euphémisme dont on désigne les espions et contre-espions).

Le service central a d’autres moyens à sa disposition. Outre les données qu’il a réunies en temps de paix grâce