Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/190

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la situation, de la dimension, de la structure, de la conformation des autres formes sensibles et des apparences naturelles que décrivent en général tous les anatomistes. Autant la dissection des sujets sains sert à la philosophie et à la vraie physiologie, autant l’examen des corps malades et cachectiques sert à la pathologie philosophique. Les médecins doivent d’abord connaître la constitution physiologique naturelle et posséder la notion exacte des faits normaux. Ainsi en définissant, en mettant en lumière ce qui existe en dehors de ces règles, la pathologie peut être éclairée, et, avec la pathologie, l’art de guérir. L’anatomie pathologique donne l’occasion d’imaginer beaucoup de nouveaux remèdes. Il serait difficile de croire combien nos organes intérieurs sont altérés, surtout dans les maladies chroniques, et quels monstres les maladies y engendrent. J’oserais dire que la dissection d’un sujet pathologique, l’examen d’un corps pourri par une vieille maladie, sont choses plus utiles à la médecine que la dissection de dix cadavres de pendus.

Je ne désapprouve donc pas l’œuvre du très savant et très habile anatomiste Riolan : je pense, au contraire, qu’il faut le célébrer et le combler d’éloges ; car ce qui éclaire la physiologie est extrêmement utile à la médecine. Et j’ai toujours pensé qu’il est aussi profitable à l’art de guérir de montrer les lieux des maladies que d’étudier les affections elles-mêmes, de les raconter et de les expliquer d’après mon expérience et mes nombreuses dissections.

Quant aux objections qui, dans ce livre, regardent spécialement la circulation du sang que j’ai découverte, il faut d’abord y réfléchir et les méditer avec soin. Il ne faut pas négliger, en effet, dans un tel sujet, l’opinion d’un si grand homme, qui, de tous les anatomistes