Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/23

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car si on plonge un stylet, même très fin, dans le cœur, quelque rapidité qu’on mette à faire cette opération, on fera toujours couler du sang ; par conséquent le ventricule gauche est plein de sang[1]. δῆλον ὡς πλήρης ἐστίν αἵματος ἡ ἀριστερὰ κοιλία. De là à conclure que le cœur ne contient pas d’air, mais seulement du sang, il n’y a qu’un pas à faire. Pourquoi Galien, après avoir si bien prouvé à Érasistrate que les artères ne contiennent pas d’air, faisant la même expérience sur le ventricule, ne tire-t-il pas la même conclusion ?

Si nous essayons maintenant de nous faire une idée générale de la théorie galénique de la circulation du sang, nous arrivons à la formuler ainsi[2] :

1o  Le ventricule gauche en se contractant chasse le sang pneumatisé dans les diverses artères du corps : par suite de la disposition des valvules sigmoïdes, ce sang ne peut revenir en arrière. — Il est assez difficile de comprendre ce que dit Galien sur cette émission du sang du cœur ; en effet il dit tantôt le sang, tantôt le pneuma, tantôt le mouvement[3]. Il y a dans le cœur, dit-il, quatre orifices : chaque ventricule en possède deux. Dans le ventricule gauche, il y a un orifice par où le pneuma vient du poumon, et un autre orifice par où il sort

  1. De doctr. Hippocratis, etc., l. I, t. V, p. 184.
  2. Pour ce qui concerne la circulation chez le fœtus, je renvoie à l’Histoire de la découverte de la circulation du sang, par Flourens. 2e  éd., p. 55 et suiv.
  3. Αἷμα, πνεῦμα, σφυγμός.