Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/232

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en un autre point, c’est une tympanite. Ce n’est pas, comme on le croit à tort, parce qu’elle donne le son tympanique et indique la présence de l’air (ce qui n’arrive jamais), mais c’est parce que, comme dans un tympan, les vibrations même les plus légères parcourent et traversent toute la masse, et indiquent qu’il y a une substance séreuse et liquide comme l’urine ; non une masse épaisse et gluante qui conserve le choc et les battements qu’on lui imprime, et ne les transmet pas. En rapportant cette expérience, je donne la plus puissante objection qu’on puisse faire à la circulation du sang, et que cependant aucun de ceux qui ont controversé avec moi n’a su observer et m’opposer.

En effet nous voyons dans cette expérience que le pouls de la systole et de la diastole peut avoir lieu sans sortie de liquide. On peut donc supposer qu’il en est de même pour le pouls artériel et les battements du cœur, qu’il n’y a pas besoin de circulation pour les expliquer, et que le sang est, comme l’Euripe, animé d’un flux et reflux continuels. Mais nous avons ailleurs suffisamment réfuté cette objection, et maintenant encore nous répondons que les choses ne se passent pas de la même manière pour le sang ; car l’oreillette droite du cœur emplit constamment de sang le ventricule, et les valvules tricuspides empêchent le sang de revenir en arrière. En même temps l’oreillette gauche emplit le ventricule gauche, et chaque ventricule en se contractant lance le sang au loin pendant que les valvules sigmoïdes l’empêchent de retourner au cœur. Le sang doit donc constamment être rejeté hors des poumons et aussi hors des artères. S’il restait au même endroit, ou il romprait les vaisseaux qui le contiennent, ou il distendrait le cœur et suffoquerait l’animal, comme nous l’avons vu