Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/231

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c’est-à-dire cela même qui devrait être le point de départ des investigations. En effet, si quelqu’un voulant connaître la cause des éclipses se trouvait dans la lune même et pouvait voir de ses propres yeux la cause du phénomène, il ne ferait pas des raisonnements sur les choses qu’il peut connaître à l’aide de ses sens. De même il n’y a pas de démonstration plus certaine pour amener l’évidence que nos sens et les dissections.

Je désire aussi montrer à tous ceux qui sont désireux de connaître la vérité une expérience remarquable, qui prouve d’une manière éclatante que le pouls des artères est produit par l’impulsion du sang.

Prenons une portion quelconque des intestins d’un chien, d’un loup ou d’un autre animal, gonflés et desséchés (comme nous voyons chez les pharmaciens), et lions les deux bouts après les avoir remplis d’eau, de manière à avoir comme une saucisse. Frappons un léger coup avec le doigt en un point de la membrane ; nous pourrons sentir en mettant les doigts sur un autre endroit (comme nous tâtons le pouls à l’artère du carpe) tous les mouvements et apprécier distinctement leurs différences. Eh bien, sur les vaisseaux de notre corps qui, soit pendant la vie, soit après la mort, sont pleins de sang, le médecin le plus inexpérimenté pourra, en tâtant le pouls, indiquer et comparer les différences des pulsations, en grandeur, en fréquence, en force, en rythme. Comme dans une longue vessie ou une grande cornemuse remplie d’eau, on perçoit en un point tous les coups qu’on frappe à l’autre extrémité. Il en est de même à dans l’hydropisie abdominale (ascite), et dans tous les abcès pleins de liquide. Nous distinguons ainsi l’anévrysme de la tympanite : si chaque impulsion, chaque vibration qu’on imprime à un côté est clairement sentie