Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

raient par être tellement dilatées par le sang qu’elles resteraient immobiles et privées de tout mouvement. Toute la démonstration de la circulation est vraie et nécessaire si les prémisses sont vraies. Or ce sont nos sens et non les théories admises, la dissection et non les rêves de l’imagination qui doivent nous apprendre si elles sont vraies ou fausses.

De plus j’affirme que dans les veines, partout et toujours, le sang va des petites veines dans les grandes, et que constamment il se dirige vers le cœur : d’où je conclus que la masse de sang introduite sans cesse dans le cœur par les veines passe dans les artères et de là revient dans les veines pour retourner dans les artères, et qu’ainsi le sang se meut dans un mouvement circulaire continuel de flux et de reflux. L’impulsion du cœur l’en voie dans toutes les ramifications artérielles. Il continue son cours, est repris par les veines et revient au cœur. Voilà ce que nos sens nous démontrent, et la démonstration logique fondée sur ces faits d’expérimentation enlève toute raison de douter.

Voilà ce que je m’efforçais d’expliquer et de prouver par des observations et des expériences ; voilà ce que j’ai voulu démontrer non par la recherche des causes et des principes, mais par les sens et par l’expérience, à la manière des anatomistes, ce qui a bien plus d’autorité.

Entre autres faits, remarquons la force, la puissance, la violence du choc du cœur et des grandes artères, choc que nous pouvons à la fois toucher et voir. Je ne dis pas que, chez les grands animaux à sang chaud, le pouls, la systole et la diastole sont identiques pour tous les vaisseaux remplis de sang et chez tous les animaux qui ont du sang ; mais chez tous, le sang s’échappe rapidement du cœur et est contraint de pénétrer dans les petites artères,