Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/287

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alors vous détachez l’animal, vous le verrez courir et crier, comme il le faisait avant l’opération. Si vous faites la suture de la plaie, vous pourrez ensuite voir l’animal manger, s’il a faim, et boire, s’il a soif. Qu’y a-t-il d’étonnant à ce fait ? Le fils de Marylļas, le mimographe, a été guéri et est encore vivant, quoique son cœur ait été pendant quelque temps mis à nu. Il est donc vraisemblable qu’un animal qui n’a pas de raison, et qui par conséquent est beaucoup moins sensible que l’homme, ne souffre pas d’une telle blessure. — Puisque j’ai parlé de cet enfant, il n’y a pas d’inconvénient à raconter ce qui s’est passé. Le récit de cette histoire sera très utile, quoique elle n’ait pas de rapport avec le sujet que je traite en ce moment. Cet enfant fut frappé au sternum, pendant qu’il jouait à la palestre ; on négligea sa blessure, et on la soigna fort mal. Quatre mois après, il se forma du pus dans la région contuse. Un médecin, pensant faire disparaître cette suppuration, fit une incision, espérant ainsi faire cicatriser la blessure. Mais l’inflammation survint, il se forma un abcès, lequel fut incisé de nouveau, sans que cependant on pût obtenir la cicatrisation. Aussi le maître de Maryllas fit-il réunir plusieurs médecins, au nombre desquels j’étais, pour délibérer sur le traitement à suivre. La maladie et le sphacèle du sternum apparaissaient manifestement : on voyait le mouvement de la partie gauche du cœur ; personne n’osait enlever l’os malade, car on s’imaginait que cette opération devait entraîner nécessairement la perforation du thorax. Mais moi, malgré cette perforation tant redoutée par les médecins, j’ai promis que j’enlèverais l’os. Je n’ai rien assuré cependant de la guérison absolue, ne sachant pas si les parties sous-jacentes au sternum étaient malades, et jusqu’à quel point elles étaient malades. Alors nous mîmes à nu la région, nous vîmes qu’il n’y avait de lésé dans le sternum que ce que nous avions reconnu tout d’abord. Aussi j’ai osé pratiquer l’opération, car dans les limites où les artères et les veines rampent sous le sternum, le ster-