Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/288

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num n’avait pas été atteint. Après avoir enlevé l’os malade, en choisissant le point où commence la pointe du péricarde, je vis le cœur à nu, car le péricarde avait été détruit par la suppuration. Aussi mon pronostic n’était-il pas favorable : cependant le tout guérit en peu de temps, ce qui ne serait pas arrivé si on n’avait pas osé enlever l’os malade, et personne n’aurait osé tenter l’opération sans être très versé dans les connaissances anatomiques. »

À cette observation nous ajouterons la célèbre observation de Harvey relative au comte de Montgommery[1]. « Nous allons montrer que le cœur, le principal organe du corps, paraît insensible. Un jeune homme de haute naissance, le fils aîné de l’illustre vicomte de Montgommery, étant encore enfant, eut une cruelle maladie à la suite d’un coup violent qui lui brisa les côtes du côté gauche. Il se forma un abcès qui suppura et donna une grande quantité de pus qui pendant longtemps sortit d’une poche très vaste, ainsi qu’il me l’a raconté lui-même et que d’autres médecins dignes de foi me l’ont rapporté. Vers l’âge de dix huit ou de dix-neuf ans, il voyagea en France et en Italie, et ensuite vint à Londres. Une grande ouverture existait à sa poitrine, par où on pouvait voir, et, comme on croyait, toucher les poumons. Ce fait fut annoncé comme un miracle au très illustre roi Charles, qui alors m’envoya aussitôt vers ce jeune homme pour voir ce qui en était. Je vis alors un jeune homme vigoureux et bien fait. Je le saluai et lui exposai la cause pour laquelle le roi m’avait envoyé à lui. Alors aussitôt il me montra la partie dénudée de son flanc gauche, et en enlevant la lamelle qu’il portait pour se protéger contre les coups et les injures extérieures, j’ai aperçu une grande cavité dans laquelle je pouvais facilement mettre mes trois doigts avec le pouce. À l’entrée de cette cavité une masse charnue faisait saillie et était animée de mouvements alternatifs d’entrée et de sortie.

  1. De Gener. Animal.Exerc. LII, Édit. de Leyde, 1737, p. 208.