Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/41

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de l’artère pulmonaire va au poumon, puis retourne au cœur ; mais il n’en donne pas la preuve. La seule expérience précise des prédécesseurs de Harvey est celle de Césalpin : la veine, étant comprimée, se gonfle au-dessous, non au-dessus de la compression. Quant à Harvey, à chaque instant, il fait des observations, des expériences. Les opinions d’Aristote ou de Galien lui importent peu : il regarde le cœur qui se contracte, les veines qui se vident du côté du cœur, il suppute la quantité de sang passant en un moment donné soit dans les artères, soit dans les veines. Servet, Ruini, Colombo, Césalpin ont conçu la circulation. Harvey l’a démontrée.

Non seulement Harvey est le premier qui ait prouvé la circulation du sang, mais c’est encore celui qui l’a vulgarisée. Jusque-là les érudits seuls connaissaient les écrits de Servet, de Césalpin, de Fabrice même. Après Harvey, on ne peut passer la doctrine de la circulation sous silence. Protestants et catholiques seront impuissants à l’étouffer et à la livrer aux flammes, comme ils ont fait pour la Restitution du christianisme. Rapidement l’ouvrage de Harvey se propage : les réfutations, les objections se présentent de toutes parts. L’idée de la circula-

    douze ans au moins, Harvey professait la théorie de la circulation. L’œuvre de Bacon n’a donc pas eu, vraisemblablement, d’influence immédiate sur l’esprit de Harvey. Néanmoins il faut remarquer ces deux dates. Le Novum organum est pour ainsi dire l’apothéose de la méthode expérimentale. Le livre de Harvey fait mieux : il en démontre les avantages.