Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/51

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anciens, pour abandonner publiquement, et aux yeux de tous, la vérité chérie. Ils pensent au contraire que si la vaine crédulité accepte tout à première vue, c’est être insensé que de se refuser à voir ce qui est visible, et reconnaître la lumière en plein jour. Ils enseignent qu’il faut repousser aussi bien les fables des poètes et les aberrations de la foule, que la doctrine des sceptiques. De même tous les hommes consciencieux, bons, honnêtes, ne se laissent pas envahir par la passion de la colère ou de l’envie au point de ne pas écouter avec sang-froid ce qu’on dit en faveur de la vérité, et de repousser une démonstration exacte. Ils ne trouvent pas honteux de changer d’avis si la vérité appuyée sur une démonstration évidente les y engage. Ils ne se croient pas déshonorés pour abandonner une erreur, quelque ancienne qu’elle soit ; ils savent que l’erreur est chose humaine, que le hasard peut révéler bien des faits nouveaux, que tout le monde peut trouver à apprendre chez autrui, le vieillard chez le jeune homme, l’homme intelligent chez l’imbécile.

Dans ce traité, mes chers collègues, je n’ai pas voulu rapporter en détail les noms des anatomistes divers, faire ostentation de mémoire ou d’érudition, en citant leurs œuvres et leurs théories. L’anatomie doit être étudiée et enseignée, à l’aide, non des livres, mais des dissections, non dans les théories des philosophes, mais dans l’examen de la nature.

Toutefois, j’ai tâché de ne priver aucun auteur ancien de l’honneur qui lui est dû pour ses recherches.